Je commence aujourd’hui la publication petit à petit d’une traduction par mes soins des pages du livre de l’Algérie d’après une édition de la SNED qui n’est qu’une reproduction « telle quelle » de l’édition de 1932.
Bonne lecture à tous
Petit aperçu sur l’histoire de l’Algérie
(Des temps les plus anciens à la colonisation française)
Les ruines antiques découvertes en Algérie nous attestent que cette terre était habitée à l’âge de pierre par des peuples autres que l’élément berbère, qu’ils vivaient dans des grottes et que leur civilisation de pierres était inférieure à la civilisation de leurs contemporains de l’époque dans les autres pays.
De nombreux érudits affirment que les berbères blonds que l’on trouve dans de nombreuses régions du pays sont les descendants de cette race, qui fut la première race humaine à habiter ces terres ; un de ces érudits est le professeur Stéphane Gsell.
Quant à l’élément berbère qui s’est installé dans toute l’Afrique du Nord, depuis des temps très anciens, la recherche scientifique n’a pas encore percé le secret de ses origines. Il était l’élément qui habitait l’Afrique du Nord lorsqu’elle a été connue de l’Histoire.
On retiendra qu’historiquement, les Berbères sont les premiers habitants de ces régions.
Quelle est l’origine des Berbères? D’où sont-ils venus et quelles sont leurs tribus et leurs divisions ? C’est ce que je vais vous conter en détail dans la troisième section de ce livre.
Il vous suffit de savoir maintenant, pour que vous puissiez marcher avec moi lors de cette visite historique, que les éléments berbères sont tous venus d’Asie en tant que migrants, pénétrant en Égypte et en Libye, et ils sont les descendants de Mazigh fils de Canaan fils de Sem fils de Noé. Les Berbères sont ainsi les cousins des Arabes et des Phéniciens.
C’est un peuple noble qui se désigne sous le nom de « Amazighs », c’est-à-dire « les hommes libres. » Ils ne tolèrent pas la soumission à une autorité, et ils ne se soumettent que par force et à contrecœur ; ils fréquentent mais ne se mélangent pas.
Et ils n’avaient pas dans le passé de lien ou d’unité globale : leur seul système était plutôt le système des tribus touarègues d’aujourd’hui dans le Sahara, où l’autorité du père n’est pas reconnue. Chaque tribu vivait indépendamment dans son village et considérait la tribu voisine comme son ennemie. Les tribus n’avaient pas de religion réfléchie, mais elles ressentaient le sentiment humain de la nécessité du culte. La famille se prenait un dieu qui la protégerait des dangers, et, souvent, ce protecteur était un chat, un arbre, une forêt ou une source d’eau1. Ils adoraient généralement le soleil, la lune et les astres.
Ils faisaient paître le bétail, portaient des robes de laine ou de peau et mangeaient leur viande avec ce que la terre donnait après un simple travail tels fèves, blé, olives et figues.
Il y avait de nombreux groupes d’animaux de grande taille et de prédateurs dans le pays, tels que les éléphants, les lions et les tigres.
Ce fut la situation de l’Algérie environ 1000 ans avant la naissance du Christ.
A cette époque, les Cananéens, qui étaient des habitants de Phénicie et qui étaient les cousins des Berbères et des Arabes, avaient atteint un haut niveau en matière de civilisation. Leur langue était l’arabe, légèrement déformé par rapport à l’arabe classique. C’est très similaire à l’arabe utilisé aujourd’hui dans les conversations courantes dans notre pays2. Ils avaient le monopole du commerce connu du monde à cette époque et leurs navires de commerce peuplaient la mer Méditerranée, transportant des matériaux de construction et des principes de civilisation jusqu’aux côtes de ladite mer. Ils maîtrisaient l’industrie avec une grande maîtrise et ils inventèrent l’alphabet selon la prononciation alors que l’écriture était, jusque-là, hiéroglyphique, c’est-à-dire picturale.
1 Les vestiges de ces croyances sont encore répandus dans les milieux bas algériens en général : on ne trouve guère de source d’eau, surtout si elle est chaude, à moins de voir de l’encens, des charmes et des amulettes autour d’elle, ainsi que dans de nombreux buissons.
2 V. taqwîm al-Mansûr, an 1348H, p. 74. J’ai traduit cet article et le voici (lien)