La découverte de l’Amérique par les Carthaginois vers l’an 125 avant J.-C.

La langue arabe, langue du Maghreb depuis trois mille ans

Nos pays d’Afrique du Nord étaient, dans le lointain passé, repliés sur eux, séparés du reste du monde. Les Berbères y menaient une vie élémentaire, ordinaire, gardant quelques us et coutumes qu’ils avaient ramené avec eux de divers lieux d’Orient à une époque dont on ignore le commencement, avec ce qu’ils avaient emporté avec eux, en pénétrant dans le pays du Nil, comme culture rudimentaire et cultes des Égyptiens.

Les civilisations autour de la méditerranée étaient à cette époque au nombre de trois, se partageant la partie orientale de cette mer, chacune se caractérisant des autres par divers caractères :

  • La première était la civilisation grecque au Nord, civilisation de philosophie, de sagesse et de beaux-arts.
  • La seconde, la civilisation égyptienne au Sud, civilisation de prestige, d’apparat et de science.
  • La troisième enfin, la civilisation des Arabes phéniciens à l’Est, civilisation d’industrie, de science, d’aventures et de conquêtes.

Aucune civilisation dans le vieux monde n’a eu autant d’impact sur le cours des évènements que la civilisation phénicienne. C’est en effet elle qui a propagé la lumière dans des diverses contrées obscures, qui s’est dirigée aux différents confins de la terre portant avec elle ce qu’il y avait de plus élevé comme produits, fruits du savoir, manufacturés par des mains de Phénicie, d’Égypte et de Grèce.

Les Phéniciens, qui sont les descendants des tribus arabes de Canaan, qui s’étaient installées au Liban actuel, furent les premiers à construire des navires leur permettant de traverser les mers et d’atteindre ainsi le bout du monde civilisé de l’époque. Ils furent les bons intermédiaires dans le transfert de la civilisation et la mise en contact des diverses peuplades du monde. Ils furent ainsi des messagers de la civilisation et de la culture.

L’an mille avant l’ère chrétienne, l’année même où le prophète Salomon fils de David fêtait la fin de l’édification du temple construit pour les enfants d’Israël à Jérusalem, un groupe de conquérants arabes phéniciens constitua une flotte puis mena une expédition vers le Maghreb et se mélangea à ses habitants : les Berbères. Les phéniciens y édifièrent une ligne de communications maritimes régulières entre l’Afrique du Nord et la Phénicie. Ils édifièrent alors sur les côtes de l’Afrique du Nord des comptoirs leur permettant l’échange de marchandises et les activités commerciales. C’est ainsi qu’ils édifièrent les principaux ports d’Afrique du Nord : Sousse, Tunis, Outeika, Bizerte, Jijel, Béjaïa et Ténès.

Berbères et Arabes Phéniciens se mélangèrent sur ces côtes et dans ces villes pendant six cents ans entiers, avant même l’édification de l’État carthaginois. C’est ainsi que les Arabes phéniciens introduisirent leur langue, l’arabe, en Afrique du Nord à compter de l’an 1000 avant Jésus-christ.

Il est tout naturel que le lecteur me demande la preuve probante qui atteste que les Phéniciens sont Arabes et qu’ils sont bien fils de Canaan, que la langue qu’ils employaient quotidiennement dans leurs communications était bien la langue arabe.

Le lecteur a bien raison de demander la preuve du fait que statuer sur un fait historique pareil, s’il ne repose pas sur un fondement inébranlable, s’apparente plus à la légende qu’à l’histoire.

Il y a peu de temps, les historiens ignoraient totalement l’origine des Phéniciens. Toutefois, les découvertes archéologiques sont venues attester sans l’ombre d’un doute que les Phéniciens sont Cananéens. C’est même ce nom qu’ils employaient pour se désigner eux même dans les inscriptions sur la pierre. Le lecteur n’ignore pas que les Phéniciens sont les premiers à avoir créé l’alphabet permettant de transcrire les connaissances humaines. Ces découvertes ne laissent planer aucun doute : on les voit se faire appeler « fils de Canaan » et la langue qu’ils emploient est très proche de l’arabe dialectal en usage aux alentours de Tunis et à Malte avant qu’elle ne subisse l’influence des diverses langues européennes.

Les habitants de Malte sont les purs descendants de l’élément phénicien. Leur langue arabe qui était pure depuis des siècles, ils ne l’ont pas acquise durant l’occupation arabe de Malte. C’est la langue de leurs aïeuls depuis que les Phéniciens ont habité l’île. Ils ne l’ont jamais remplacée par une autre langue car on ne connaît pas un peuple qui appartient aux racines arabes qui ait abandonné sa langue pour une autre.

Ces nombreuses découvertes archéologiques ont été faites tantôt en Syrie, tantôt en Afrique du Nord. L’une de ces découvertes a même été faite en Amérique du Sud et elle sera l’objet de notre étude.

De toutes ces découvertes, on comprend que la langue officielle générale de tous ces groupements humains qui se faisaient appeler « fils de Canaan » était bel et bien la langue arabe.

Lorsque les Cananéens empruntèrent les voies navales entre leur pays et l’Afrique du Nord, qu’ils y édifièrent sur ses côtes des comptoirs maritimes, qu’ils se mélangèrent à leurs cousins berbères1, la langue arabe fit son entrée dans le pays berbère. Et c’est ainsi qu’elle a pris place en Afrique du Nord depuis trois mille ans environ faisant de nos pays maghrébins les premiers pays au monde où la langue arabe a pénétré et s’y est implanté après la péninsule arabique.

Lorsque Carthage fut fondée et qu’elle prit de l’ampleur au point de devenir la plus grande cité du monde antique, lorsqu’elle étendit son influence civilisatrice pacifique à toutes les contrées d’Afrique du Nord, sa langue officielle était la langue phénicienne arabe comme nous pouvons le constater dans les fouilles archéologiques précédemment citées et particulièrement dans un document que nous présentons ci-après.

Le lecteur ne se doute nullement que la langue de l’État de Carthage qui se développe en Afrique du Nord et y demeure pendant près de sept siècles fini par conquérir l’arrière-pays et s’y implanter durablement.

Carthage a atteint un degré de développement et de prospérité incomparable en son temps. Elle était semblable à New York ou Londres de notre époque par le nombre de ses habitants et l’étendue de ses travaux.

Les Phéniciens, après avoir perdu leur pays d’origine, la Phénicie, ne pouvaient se contenter de leur possessions. Ils édifièrent alors la première république organisée au monde. Ils la dotèrent d’une constitution qui est la première que le monde ait connu. Ils envoyèrent leurs marins en éclaireurs pour découvrir d’autres contrées et y édifier des comptoirs côtiers leur permettant de tracer des lignes maritimes entre les différents centres. C’est ainsi que leurs navires atteignirent l’Angleterre au Nord, le Cameroun au sud. Ils nous laissèrent le célèbre « Périple de Hannon »2 témoin de cette grandeur et de ces travaux somptueux.

L’histoire du monde aurait certainement été toute autre si Carthage avait pu poursuivre son extension pacifique et ses travaux marchands extraordinaires.

Malheureusement, à peine le deuxième siècle avant J.-C. entamé que voilà l’envie et les conspirations qui s’emparent du tout nouvel état romain qui vient de naître et de s’organiser en Italie.

L’état romain édifia son unité nationale et s’organisa sagement. Aussitôt, le nouvel état a été saisi du désir d’hégémonie et de colonialisme. Constatant l’état d’avancement dont bénéficiait Carthage et la beauté de ses propriétés, Rome décida de l’anéantir et lui prendre ses biens. C’est ainsi que ce désir insatiable de s’approprier des biens d’autrui et les velléités de colonialisme la poussèrent à commettre ce crime barbare qu’était la destruction de Carthage. C’est ainsi que fut détruite une des plus belles civilisations du monde.

Le lecteur prendra davantage conscience du désastre que symbolise la destruction de Carthage lorsqu’il apprendra que vers la fin de leur existence, les carthaginois avaient découverts le continent américain. Cette découverte est tombée en désuétude lorsque l’injustice a triomphé de la justice et que la barbarie guerrière a eu raison de la civilisation de la paix commerciale. Carthage, la paisible, a brûlé et Rome, la guerrière, la conquérante, a triomphé.

Comment les Phéniciens ont-ils découvert l’Amérique ?

Les Phéniciens ont-ils voyagé selon un plan de route bien dessiné dans le but de découvrir ce qu’il y avait après l’océan comme ils l’on fait au moment de découvrir les côtes occidentales de l’Afrique ? Ou bien est-ce le hasard qui a fait que les vents poussent les navires carthaginois vers l’inconnu jusqu’à ce qu’ils accostent de façon purement accidentelle sur les côtes du Brésil.

Nous pouvons certifier que ces marins ont accosté sur les côtes de l’Amérique dans le but de découvrir de nouvelles terres. Ils ne sont pas partis par hasard. Ce jugement, nous le tirons de phrases que ces mêmes marins ont gravé et qui témoignent de leur dégoût de ne pas avoir revu leur roi qu’ils accusent de les avoir abandonné en ce lieu et d’avoir regagné Carthage. Nous verrons plus loin que leur accusation n’est toutefois pas fondée.

Si les Romains avaient laissé Carthage et ses édifices intacts, les chercheurs auraient probablement retrouvé quelques traces de cette découverte. Malheureusement, le feu romain allumé par le gouvernement a eu raison de la ville de laquelle il ne reste rien.

Cependant, les arabes carthaginois, s’ils n’ont rien laissé de cette découverte sur le sol même de leur patrie, ils en ont laissé trace dans la terre qu’ils venaient de découvrir : le Brésil.

La trace dont nous parlons a été découverte pour le docteur brésilien M. Ladislau Netto. Ce dernier publie dans le 1er tome du livre anglais « Antropology »une photo de la pierre en marbre découverte3 .

Des linguistes ont envoyé cette photo à l’éminent chercheur maltais aux origines phéniciennes le regretté M. Caligua d’Alger.

La découverte est une pierre tombale4 en marbre gravée relatant la découverte et le triste sort qui a été celui de ses auteurs.

Cette fouille archéologique a permis d’établir quatre faits :

1 – Les Carthaginois Phéniciens se faisaient appeler fils de Canaan comme nous l’avons signalé plus haut.

2 – Que leur langue arabe était voisine de l’arabe dialectal de l’Afrique du nord.

3 – Que les carthaginois perpétuaient leurs noms de « fils de Canaan » bien qu’ils avaient édifié leur nouvel état. En ce point, ils sont semblables aux Arabes qui à ce jour se rattachent à leur presqu’île (l’Arabie) bien qu’ils se sont établis en Afrique du nord depuis douze siècles déjà.

4 – et c’est le point le plus important, c’est que les Carthaginois ont bel et bien découvert l’Amérique depuis l’an 125 environ, soit quelques 16 siècles avant Christophe Colomb.

Quel aurait été le devenir du monde et de la civilisation si l’Amérique avait été en contact avec l’ancien monde depuis cette découverte ?

Dans la photo ci-haut de la plaque de marbre gravée, j’ai mis sous chaque mot écrit en alphabet phénicien son équivalent phonétique transcrit en lettres arabes. Le tableau que j’ai placé après donne dans sa première colonne, la phrase en phénicien, dans la seconde son homologue en arabe dialectal et enfin dans la troisième l’équivalent en arabe standard. Il permet au lecteur de percevoir au travers du tableau que si un phénicien de ces temps-là avait vécu à nos jour où si un citoyen de notre contrée avait vécu en milieu phénicien, aucun des deux n’aurait éprouvé la moindre difficulté à comprendre l’autre ou se faire comprendre de l’autre. Aucun d’eux ne se serait senti étranger.

Il me reste encore une chose à dire :

Qui prouve que ce sont les carthaginois qui ont fait cette découverte et non les habitants de Phénicie eux-mêmes qui se seraient rendus des côtes du Liban en Amérique ?

Qui nous prouve que cette découverte remonte à l’an 125 avant Jésus-Christ ?

La réponse à ces deux questions se trouve dans l’analyse de la graphie phénicienne originelle et celle « moderne. »

Il se trouve que la graphie gravée sur la plaque de marbre est similaire au néo-punique et si l’on vient à la comparer aux écritures anciennes puniques et carthaginoises, on constate qu’elle a dut être inscrite peu avant la chute de Carthage, entre la deuxième et la dernière guerre punique, soit vers 125 avant le Christ.

Ce sont là les considérations qui ont fait que cette découverte ait été ignorée et nous allons en donner les preuves.

Comment la découverte a-t-elle eu lieu ?

Nous comprenons du texte gravé par les marins sur la tombe du « Petit fils » que la découverte se résume en ce qui suit :

  • Les marins ont quitté leur pays en compagnie de leur roi pour découvrir une terre nouvelle. Lorsqu’ils atteignirent ce lieu, leur roi rebroussa chemin et laissa ‘Asbât (le Petit Fils) en guise de gouverneur. Les marins attendirent le retour de leur roi qui devait revenir avec des renforts. Mais leur attente allait être vaine. Ils furent alors saisis de désespoir. Ils passèrent environ dix ans. La majorité d’entre eux périt durant ce temps et il n’en resta que six. La mort s’empara alors de leur chef et ils en furent au bord de la folie. Leur vénération pour leur chef semble avoir été très grande.
  • Lorsqu’ils ne virent ni les renforts ni leur roi et que le désespoir eut atteint son apogée, ils finirent par penser du mal de lui. Ils furent alors certains qu’il les avait ramené en ce lieu et les y a abandonné pour devenir un monarque absolu en son pays. Cette accusation, ils la gravèrent dans la pierre afin que l’histoire porte un jugement sur ce roi qui fut la cause de leurs malheurs et de leur fin abominable.
  • Est-ce que cette accusation contre leur souverain est fondée ? Je ne crois pas et en voici les raisons :
    • Ce chef qui a fait cette découverte et qu’ils appellent « roi » n’aurait pas abandonné ce qu’il venait de découvrir du fait des richesses immenses que cette découverte allait lui procurer à moins qu’un incident majeur l’empêcha de revenir en cette terre découverte.
    • Carthage qui excellait dans l’extension commerciale et la découverte de nouveaux horizons n’aurait jamais abandonné de plein gré cette découverte sans l’exploiter.
    • Le chef contesté n’aurait pas pu atteindre réellement le poste que les marins l’accusent de s’en être emparé grâce à cette nouvelle découverte car Carthage n’aurait pas pu vérifier s’il y avait réellement eu une nouvelle découverte à moins que d’autres marins en aient fait la confirmation par le biais de nouvelles expéditions. Sinon, le « roi » n’aurait eu aucune preuve.
    • A supposer que le chef ait pu accéder au titre de roi et que Carthage s’en soit tenue au témoignage des marins revenus avec lui, était-il impossible que d’autres marins ou mêmes ceux revenus avec le « roi » refassent le voyage vers le nouveau monde ?
      • Le fait qu’aucune nouvelle expédition carthaginoise n’ait eu lieu nous augure une des trois possibilités suivantes :
      • Soit que les Carthaginois aient préparé une flottille pour une nouvelle expédition et que cette dernière a été détruite par les Romains.
      • Ou que le « roi » et les marins qui l’accompagnaient ont trouvé que Carthage courrait un grave danger et ils ne pensaient plus qu’à la défense de la cité qui a fini par tomber.
      • Ou encore qu’ils n’ont jamais atteint Carthage, les tempêtes ayant eu raison d’eux sur le chemin du retour ou peut être les Romains mêmes. Le désespoir des marins exilés et le temps très long que leur exil forcé dura les poussa à penser du mal de leur chef et à l’accuser sans accorder le moindre bénéfice au doute à savoir qu’il aurait lui même eu des désagréments majeurs sur le chemin du retour.
      • Lorsque Carthage cessa d’exister et qu’il n’y avait plus le moindre édifice, que les rescapés d’entre ses habitants eurent été vendu comme esclaves, aucun marin connaissant la découverte n’en a révélé l’existence au Romains. Et même si les Romains en avaient eu vent, les guerres impitoyables qu’ils entreprenaient pour faire main basse sur l’Ancien Monde les auraient détournés d’aller à la découverte d’un nouveau continent.
      • C’est ainsi que la politique d’expansion romaine a retardé la découverte de l’Amérique de seize siècles.

1 Nul ne peut réfuter que l’origine des Berbères est le Moyen Orient. Nous en avons donné les preuves dans notre livre : « Carthage en quatre époques ». Ibn Khaldûn dit à cet effet : « La vérité concernant les Berbères qu’il ne faudrait point adopter autre qu’elle est qu’ils sont descendants de Canaan fils de Hâm fils de Noé (Ibn Khaldûn, t. 6, p. 97).

2 Le texte traduit du grec commence ainsi : « C’est l’histoire du long voyage d’Hannon, roi des carthaginois, dans les pays de Libye, au-delà des colonnes d’Hercule, qu’il grava sur pierre dans le temple de Cronos (le Melqart carthaginois). Les Carthaginois décidèrent que Hannon devrait naviguer au-delà des colonnes d’Hercule et fonder une colonie de Libyo-Phéniciens(1). Il embarqua donc sur soixante pentécontores, environ trente mille hommes et femmes, des provisions et l’équipement nécessaire… »

(V. http://www.pheniciens.com/persos/hannon.php)(le traducteur)taq

3 « Elle aurait été découverte près de Parahyba, aujourd’hui João Pessoa, dans le nord du Brésil. Envoyée en 1872 à l’Institut historique et géographique brésilien, elle fut taxée de faux. En 1968, elle fut réexaminée par C. H. Gordon, un sémitisant réputé, qui en confirma l’authenticité, en s’appuyant sur certains vocables et constructions syntaxiques proches de celles découvertes à Ougarit. » (http://blog.pheniciens.com/2017_11/les-pheniciens-et-lamerique/) (Le traducteur)

4 Il pourrait s’agir de la tombe du petit fils du roi que ce dernier avait laissé sur place pour gouverner les colons du fait que l’inscription sur la pierre tombale parle de lui.

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